Henri Cartier-Bresson. Derrière la Gare Saint Lazare. (1932)

27 Jan

Une fois n’est pas coutume, je vais inaugurer cette catégorie par une oeuvre très connue du grand public (prise par un photographe non moins célèbre).

Pour être honnête, je suis un peu prise au dépourvu car je n’aurais pas dû écrire cette semaine. Notre spécialiste, Z., est malheureusement occupée à remplir ses nouvelles fonctions d’attachée de presse, ce qui fait de moi une bloggeuse par intérim…

Si mes souvenirs sont bons, c’est à l’exposition « Henri-Cartier Bresson : The Modern Century » du MOMA que j’ai découvert cette photo.

Pourquoi, parmi les 306 clichés exposés, celui-ci a t-il particulièrement retenu mon attention?  A première vue, il  n’a effectivement rien de spécial. C’est une scène de rue assez typique, en noir & blanc, comme la plupart des clichés de notre cher Henri (ou HCB), précisément connu comme le père du reportage urbain.

Pourtant, je vois dans cette œuvre l’illustration parfaite de la notion d’ « instant décisif « , qui a justement été inventée par HCB. Par le plus grand des hasards, HCB a réussi à obtenir un cliché incroyable.

Je m’explique :

1. La technique est irréprochable :

  • La règle des tiers est parfaitement respectée. Cette règle, base de la photo, que tout néophyte se doit de connaître (merci Hugo :)), établit que notre œil n’est pas attiré par le centre d’une photo mais par les points de force, situés à l’intersection de quatre lignes divisant l’image en trois parties égales, verticalement ou horizontalement.  C’est précisément là que se situe l’homme qui s’apprête à sauter dans la flaque d’eau.
  • Les lignes de fuite sont excellentes : on imagine très bien l’homme traverser la photo et sortir du cadre quelques instants plus tard.

2. L’esthétique est évidente:

La photo a l’air de sortir tout droit d’un livre de géométrie : Les toits en arrière plan dessinent des triangles, les barrières des rectangles, tandis que les déchets en avant forment des arcs de cercle…  des formes que l’eau amplifie et magnifie en les répétant une à une.

Mais au-delà de ça, ce que j’aime dans cette photo, c’est le clin d’œil. En effet, en observant un minimum, on peut voir l’affiche pour le spectacle d’un certain Railowsky (j’ai fait quelques recherches, il semblerait que ce soit du cirque…). Sur  cette affiche, on distingue une danseuse de ballet qui effectue exactement le même mouvement que le fameux homme au premier plan, comme une sorte de miroir figé.

Ce qui est admirable, c’est que Cartier-Bresson a pris cette image tout à fait par hasard, en se promenant vers la Gare Saint-Lazare. Lorsqu’il a vu cet homme traverser ce chantier de construction, il a sorti son Leica 35 mm (un objectif encore très peu connu à l’époque… ) et a immortalisé la scène, qui inspire 79 ans plus tard encore de nombreux photographes.

M.

Pour en savoir plus:

Le site officiel de la Fondation HCB

Le site de l’agence Magnum (co-fondée par HCB)

3 Réponses to “Henri Cartier-Bresson. Derrière la Gare Saint Lazare. (1932)”

  1. berghamote 16 février 2011 à 16 h 32 min #

    Ou est-ce quelle est exposée cette oeuvre en ce moment?

    • Fingers'Art 27 février 2011 à 22 h 48 min #

      Après recherche, on ne sait pas où elle est malheureusement, peut être à une expo quelque part dans le monde…
      Vous pouvez cependant toujours aller à la fondation Cartier-Bresson à Paris (2 impasse Lebouis Paris 14eme), il y a de fortes chances qu’elle y soit!

      L’équipe Fingers’Art

  2. Fingers'Art 4 mars 2011 à 14 h 25 min #

    La photo est exposée à la fondation Henri Cartier-Bresson, au dernier étage. Enfin, elle y était en tout cas la dernière fois que j’y suis allée!
    L’équipe Finger’s Art

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